Polars et Tango : des corps vides de sens
Chapitre 1
Le corps était, comme les autres, étendu sur le lit, pâle. Au tout début on ne remarquait rien mis à part cette pâleur, cette transparence du visage, de la peau. On aurait cru que l’homme dormait, comme les autres. Mais dès qu’on s’approchait du lit, une odeur de sang inquiétait, le corps s’était vidé de la vie, quel qu’instrument avait percé sa nuque d’où le liquide s’était écoulé, répandu sous la tête et ainsi absorbé par le matelas. Comme les autres.
L’inspecteur ne comprenait pas pourquoi ces cadavres, il en dénombrait 5 maintenant, tous de sexe mâle, avaient eu la nuque percée par un instrument fin et long. Deux cadavres avaient un trou de 6 cm, un autre de 8 et les deux derniers corps avaient une blessure de 7,5 cm. Quelle était donc cette arme du crime, si mince, si précise ? Et pourquoi ce serial-killer faisait-il une fixation sur les danseurs ? Le flic avait en effet trouvé un sens à ces corps vidés de leur sang : ils étaient tous danseurs. Danseurs de tango argentin…
Chapitre 2
Anna en suivait un depuis plus de deux heures quand elle le vit entrer à l’hôtel du Soupir. Celui-ci l’avait humiliée lors d’une milonga en l’abandonnant au milieu d’un tango sous prétexte qu’il était pris de crampes. Mais dans la tanda qui avait suivi cet incident, elle l’avait aperçu en pleine forme avec une blonde. Plus jamais, il ne l’avait invitée.
Ce soir, elle l’avait retrouvé. Elle les retrouvait tous, tous ceux qui avaient été blessants, ceux qui la dédaignaient, ceux qui lui avaient menti, ceux qui avaient abusé d’elle ou tentaient d’abuser d’elle. Tous elle les retrouvait et sur son carnet de bal, ils ne devenaient qu’un coup de crayon qui barrait définitivement leur nom.
Elle prit une chambre à l’hôtel du Soupir, ce nom la fit sourire intérieurement.Le veilleur lui remit la clef de la chambre 06. Elle eut le temps de lire sur le registre que l’homme, lui, était dans la 28.
A 3 heures du matin, elle réussit à forcer le plus délicatement possible la serrure de la chambre. Il dormait en chien de fusil. Quand elle enleva sa chaussure de danse qui avait un talon de 10 cm, l’homme dormait toujours profondément et esquissa juste un sursaut quand le talon aiguille pénétra la nuque encore chaude du sommeil qui allait bientôt s’éterniser.
Chapitre 3
Serge Davy