Il est temps que le malheur succombe !
Serions-nous allés danser le tango dans cet endroit où la jeunesse était assassinée, piétinée, torturée, serions-nous allés danser le tango dans l’Argentine de Videla ?
« Si le môme s’en sort, avons-nous dit un jour, tu vas voir la bringue qu’on va faire… On va donner une fête pour ce môme bien, sacré brave petit père de mon coeur. Nous inviterons les mômes du voisinage, des orchestres et des chanteurs s’amèneront… »
« Malena chante un tango d’une voix cassée, Malena a un chagrin de bandonéon ».
12 ans, 17 ans, 20 ans, 30 ans… Ils ont le même âge que ceux qui tombaient sous les balles des militaires ; aujourd’hui, ils meurent sous les balles des forces de l’ordre.
Écoutons ce tango que nous crie la jeunesse afghane, tunisienne, algérienne, égyptienne,… un tango qui parle de sucre, d’huile, de farine, un tango qui chante : « Les oranges du primeur du coin de la rue ne me lanceront plus des fleurs d’oranger ». Il n’y a plus de couleurs, de soleil, il n’y a plus de rires… Il n’y en aura plus jamais pour Marwane Jomni 20 ans, Ahmed Boulaabi 30 ans, Mohamed Omri 17 ans, Nouri Boulaabi 30 ans…
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- Le titre est un vers de « Ma France » de Jean Ferrat
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- Les textes en orange sont extraits de tangos argentins
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- Le tableau est du Peintre tunisien Bismouth 1891-1965
- Ce texte a été écrit au moment du Printemps arabe de 2010, je le poste de nouveau en pensant à la jeunesse restée en Afghanistan… Il est vraiment temps que le malheur succombe. Serge Davy